Le long voyage continue

Montréal fête la victoire des Verts et pense à la rencontre d’aujourd’hui

Le long voyage continue

L Tribune 28/01/2010

De notre correspondant à Montréal : Youcef Bendada

Décidément, les Verts n’ont pas fini de provoquer la liesse des compatriotes qui, dès la fin de chaque match victorieux de leurs favoris, convergent vers le quartier «Le petit Maghreb», devenu désormais l’incontournable lieu de rencontre de tous les Algériens de Montréal et de ses environs. Lieu de prédilection des supporters algériens pour fêter comme il se doit la victoire de leur équipe, obtenue cette fois-ci devant les Eléphants de Côte d’Ivoire, ce quartier de Montréal a été envahi, jeudi dernier, par des centaines de fans d’El Khadra. Ils étaient tous là par un froid de canard pour fêter l’événement. Bon nombre d’entre eux se sont déjà donnés rendez-vous aujourd’hui pour fêter une autre victoire face à l’Egypte, en demi-finale de la CAN 2010.Dès la fin du coup de sifflet final de ce match d’anthologie, la police de Montréal, comme elle le fait depuis la victoire contre les Chipolopolos de Zambie, a fermé le quartier à toute circulation automobile et dépêché son personnel habitué alors à encadrer le flux de fêtards qui viennent en famille communier avec les autres compatriotes leur joie et exprimer leur attachement à cette équipe dans laquelle ils se reconnaissent et qui leur procure une certaine fierté en gagnant des rencontres de football. Cette victoire, acquise magistralement devant le favori de la compétition, a été fêtée en grande pompe et ce jusqu’à une heure tardive de la nuit. Il ne manquait rien à cette fête où les youyous,  feux d’artifice et de Bengale ont résonné toute la soirée.

L’insoupçonnable force des Verts

Les victoires des Verts, obtenues par une volonté de vaincre sans pareille, donnent de l’appétit aux supporters qui ne veulent plus que leur équipe se contente du rôle d’outsider dans lequel elle a été confinée dès le début de la compétition. Et pour cause, il n’y a qu’à voir la manière avec laquelle ils ont écarté les Éléphants de Côte d’Ivoire, conduits par Drogba, Kalou, Touré, Dindanne, Keita, pour ne nommer que les stars de cette équipe qui quitte la compétition sans réaliser le rêve de leur meneur Didier, celui de gagner le trophée de la compétition continentale.

Aussi, deux jours après la rencontre mémorable de dimanche dernier et maintenant que l’adversaire dans cette demi-finale sera l’Égypte, les discussions vont bon train dans la dizaine de cafés de la rue Jean Talon à Montréal, qui transmettent en direct les rencontres de l’équipe nationale. Ce qui ressort des discussions enflammées, c’est cette force mentale retrouvée des Fennecs qui semble retenir l’attention des supporters, lesquels, dans une large majorité, n’hésitent pas à parler de victoire contre les Pharaons qui, soit dit en passant, méritent le respect pour leur excellent parcours, mais qui ne peuvent faire le poids devant une équipe «faite en acier trempé» et dont l’insoupçonnable  force se révèle de match en match.

Qui arrêtera l’Algérie ?  

C’est la question lancinante qui se pose à tout observateur à la lumière de la montée en cadence de cette équipe d’Algérie dont la composante ne cesse de se surpasser au fil des rencontres. En effet, deux semaines après la déconvenue surprise devant le Malawi, les trois matches successifs ont révélé une équipe en constante progression qui nous pousse à croire que ce processus ne saurait prendre fin qu’avec la consécration finale et que les joueurs puiseront, encore, l’énergie nécessaire dans cette rage de vaincre, dans cette foi qui les anime pour enfin convaincre définitivement leur public qui ne leur demande pas tant, puisque leur qualification au Mondial d’Afrique du Sud est chose faite et suffit déjà à son bonheur. Mais devant cet épouvantail que représente l’Égypte aux yeux des Algériens, il s’agira, une fois pour toutes de mettre fin à cette ‘guerre’ que les Pharaons et leurs médias ont déclenché contre non seulement notre équipe nationale, mais surtout contre un peuple en insultant sa mémoire, ses symboles et ses héros. A ce niveau de la confrontation, abstraction faite du match d’aujourd’hui et de l’enjeu purement sportif de l’événement, on serait tenté de dire tout simplement qui arrêtera cette équipe et la dynamique qui l’anime maintenant ?

En un mot, qui arrêtera l’Algérie dans cette fabuleuse demi-finale, à l’issue de laquelle le vainqueur ressentira les joies de la victoire, prendra une option pour
le trophée final et, surtout, connaîtra l’ivresse que seul le travail bien accompli permet de vivre. 

Y. B