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MADINA


Le kiosque anglais:

Publié par blednet sur 31 Décembre 2010, 13:51pm

Catégories : #Articles-Actualités

 Fratrie libyenne, parallèle Ceausescu tunisien et veniki algérien

 

Par Daikha Dridi-Vendredi, 31 Décembre 2010 08:29

carte-tunisie-affrontements-sidibouzi.jpgLa carte des émeutes tunisiennes, selon The Guardian


La signature d’un contrat de bail sur des terres agricoles au Mali  avec la Libye suscite des grincements de dents et l’intérêt du New York Times. The Guardian s’intéresse aux bisbilles entre les fils du guide libyen et ose, en parlant de Tunisie, un parallèle avec la Roumanie de Ceausescu. Enfin, le Wall Street Journal se délecte du fait que les russes subissent à Alger un traitement à la russe. Tel est le menu du « kiosque anglais » où chaque semaine Maghreb Emergent proposera de faire une lecture des écrits consacrés au Maghreb par la presse anglophone.

 « Ils nous ont dit : cette saison des pluies est la dernière où vous pourrez encore cultiver vos champs, après cela, nous raserons vos maisons et nous prendrons la terre (…) Ils nous ont dit: cette terre appartient désormais à Qaddafi », raconte un vieux paysan malien à un journaliste du New York Times dans un long reportage sur les conséquences de l’arrivée de « nouveaux investisseurs » sur les terres arables africaines. La Libye a signé un contrat de bail sur cinquante ans lui permettant de cultiver plus de cent mille hectares sur un total de près d’un million 200 mille hectares de terres arables gérées par l’agence étatique l’Office du Niger. « Environ 60 contrats ont été signés, couvrant près de 361 mille hectares, dont une majorité sont des investisseurs maliens », précise le directeur de l’Office du Niger au New York Times, « des investisseurs qui produiront de la nourriture pour le marché intérieur malien ». Mais personne évidemment ne peut empêcher les investisseurs étrangers d’envoyer leurs productions agricoles à leur pays et c’est à ce type de contrats que s’intéresse le journal new yorkais qui relève que les Nations Unies et la Banque mondiale affirment que cette pratique, « si elle est menée de façon équitable, pourrait être une solution qui aidera à nourrir la population mondiale ». Mais d’autres, relève encore le New York Times, « condamnent ces contrats considérés comme des pratiques néocoloniales d’accaparement des terres qui détruisent les villages, déracinent des dizaines de milliers de paysans alors que le gros de la production agricole est destiné aux nations plus riches ».


Dissensions entre les Kadhafi


En 2009 seulement, de part le monde, ce sont plus de 44 millions d’hectares qui ont été loués, dont 70% sur des terres africaines. « Les Libyens veulent produire du riz pour les Libyens pas pour les Maliens », répond le chef de file du mouvement de protestation contre ces contrats à l’argument du gouvernement selon lequel l’arrivée de gros investisseurs permet le développement de terres jusque-là sous ou non utilisées. Sur place, la colère et la méfiance sont à leur summum, écrit encore le journaliste du New York Times, et plusieurs manifestations de centaines de paysans demandant la suspension des contrats jusqu’à ce que leurs doléances soient prises en charge ont déjà eu lieu, certains manifestants « ont affirmé avoir été battus et emprisonnés par les soldats mais qu’ils étaient prêts à mourir pour garder leur terre ».

A propos de Libye encore, mais sur le front intérieur cette fois-ci, plusieurs titres de la presse anglaise et américaine ont rapporté que des dissensions entre les frères Kadhafi ont éclaté au grand jour, preuve en étant que l’un des fils du Guide, Saïf al Islam a publiquement démenti ces dissensions et affirmé qu’il « ne s’engagera plus dans la promotion des droits de l’homme et du changement politique en Libye », rapporte The Guardian. Saif al Islam « qui n’occupe aucun poste de pouvoir mais qui était largement perçu comme le successeur de son père (…) s’est vu opposé un revers public avec la fermeture de l’agence de presse Al Ghad qu’il a lui-même fondée. Les journalistes d’Al Ghad ont été brièvement arrêtés et ensuite relâchés », indique The Guardian.


Le syndrome roumain et le veniki algérien


La Tunisie, ses chômeurs qui s’immolent, ses émeutes nocturnes, a curieusement intéressé la presse anglophone (The Guardian, Financial Times, Wall Street Journal) qui a couvert et analysé ces événements bien avant qu’ils ne finissent par « s’infiltrer » dans l’actualité de la presse en langue française. Brian Whitaker, le spécialiste du monde arabe pour le Guardian, osant une comparaison avec les événements qui ont déclenché la fin de règne de Ceausescu en Roumanie, espère ainsi voir dans la tentative de suicide qui a déclenché les affrontements en Tunisie « un incident relativement mineur qui pourrait bien signer la fin du règne de Zine el Abidine Ben Ali ». Il publie également des chiffres du chômage spécifiques à la région de Sidi Bouzid (« 25% des diplômés hommes et jusqu’à 44% des diplômées femmes sont au chômage ») ainsi qu’une carte détaillée des lieux des affrontements qui se sont propagés dans le pays (voir illustration). Enfin, «Alger réserve à Moscou un traitement à la russe», est le titre caustique d’une chronique d’un éditorialiste du Wall Street Journal qui s’amuse « des déboires » que subissent ces derniers temps les investisseurs russes en Algérie : « Le légendaire traitement que réservent les Russes aux investisseurs étrangers a enfin trouvé son équivalent en Algérie », écrit le Wall Street Journal qui rappelle « les difficultés rencontrées par Vimpelcom et TNK-BP» dans le rachat de Djezzy et des exploitations de BP en Algérie. « A Moscou, les investisseurs ont l’habitude de recevoir la version business du ‘veniki’, ce rameau de bouleau utilisé pour fouetter le dos des usagers de sauna afin d’améliorer la circulation sanguine. Les Algériens ne font pas dans le ‘veniki’, à la place, ils ont la chorba, une soupe piquante dont l’intensité et la richesse peuvent étourdir les papilles des visiteurs ; ils sont en train de faire goûter aux Russes une version de leur soupe locale ». Cette nouvelle recette de chorba pourrait bien avoir un goût trop fort, mais l’Algérie « étant le troisième plus grand exportateur de gaz vers l’Europe, elle pourrait à la fin devenir délicieuse », se délecte en conclusion le Wall Street Journal.

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