par Kamel Daoud-Quotidien d'Oran
En réaction aux accusations directes de Cheb Mami contre ce dernier, l'avocat de la défense du manager, fera part d'une longue mise au point adressée au journal, en fin de semaine. Le courrier très explicatif, est «introduit» par un long rappel de ce que doit la carrière de Cheb Mami à son manager, sur le ton d'un reproche d'ingratitude après 22 ans de collaboration entre les deux hommes. Une collaboration entamée «en 1985, alors que ce dernier était inconnu du grand public français» et qui se soldera par «un passage à l'Olympia en 1986, un contrat d'artiste avec la maison de disque «Virgin» et une promotion assidue pour placer le produit Mami dans le monde du show-biz occidental. Un rappel «biographique» où la défense précise que le chanteur a obtenu la nationalité française et la Légion d'honneur, en 2001, remise par le président français Jacques Chirac. Une sorte de succès-story «rompu» par le choix du chanteur de s'installer, en 2003, définitivement en Algérie pour se consacrer, selon l'avocat, à ses investissements «dans des activités immobilières et en y consacrant la majorité de son temps au détriment de son métier de chanteur».
En réponse aux explications du chanteur accusant son manager Michel Lévy, la défense de celui-ci s'attardera longuement, «point par point», selon le texte, sur des détails qui promettent de relancer le procès, d'une manière ou d'une autre. Ainsi, il est rappelé que le statut international du chanteur «installé à Paris depuis 20 ans» dément sa «thèse» d'un acharnement médiatique qui serait lié à sa stature de Star arabe. Plus même, il est répondu par un démenti «outré» à l'affirmation du chanteur qui a soutenu, dans nos colonnes, que c'est Michel Lévy qui était l'auteur, lors d'une conférence de presse en France, de l'annonce du mandat d'arrêt international émis par le Tribunal de grande instance de Bobigny. «Je suis outré par ces propos», écrira l'avocat Maître Laribi Mohammed, «car depuis le début de cette affaire, Michel Lévy s'interdit de communiquer avec les médias pour respecter le secret de l'instruction et la présomption d'innocence (...); mon client n'a donc animé aucun point de presse et cette affirmation est mensongère».
Soulevant d'autres interrogations, la réponse de la défense n'admet le versement de la caution pour le bénéfice de la liberté provisoire pour Cheb Mami après trois mois et demi d'incarcération, que pour s'attarder sur les «voies» qui ont permis à celui-ci de quitter le sol français, sans aller jusqu'à reprendre les rumeurs démenties d'une sorte de «parapluie» politique dont aurait bénéficié Mami pour arriver en Algérie à cause de ses proximités supposées avec la présidence algérienne. Le chanteur «était soumis à un contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la France jusqu'à son procès» et «c'est bien la première fois que Cheb Mami, pour aller en Algérie, n'a pas pris l'avion». Le détour par Alicante serait largement inexplicable, comme le laisse entendre la mise au point et laisse ouvertes toutes les hypothèses sur lesquelles, en homme de droit, l'avocat de Michel Lévy semble préférer ne pas s'attarder. C'est, cependant, sur l'émotion d'une consternation vive que l'avocat construit sa «réponse» au chanteur qui a abondamment soutenu sa version d'une «liquidation de carrière» pour des raisons d'origine et d'appartenance entre lui, un chanteur «arabe» et la plaignante ainsi que son manager, tous deux «juifs». «A titre personnel, je suis atterré par de tels propos antisémites, racistes, irresponsables, sans discernement, car en ma qualité d'avocat algérien, je ne peux accepter cette haine», écrira Maître Laribi Mohammed. Au chapitre des démentis «techniques», l'avocat infirmera, par ailleurs, la présence en Algérie de Michel Lévy «en même temps que Cheb Mami» pour la supposée séance de curetage de la plaignante, à Alger. Le client de la défense, et selon cette dernière, n'était pas en possession d'un visa pour se rendre en Algérie à cette date comme «il a été prouvé lors de l'instruction». Une longue réponse conclue, cependant, sur une touche floue quant au rôle de Michel Lévy pour une solution financière «à l'amiable» entre la plaignante et le chanteur. Ainsi et en ce qui concerne la remise de 15.000 euros à Isabelle Simon avec un montant de 5.000 euros «porté sur un papier, une sorte de quitus de transaction que mon manager a fait signer à cette femme quand il a remis l'argent, document qui a été remis à la justice», Maître Laribi se contente de soutenir une version curieuse expliquant que «s'il est vrai qu'une transaction financière a été conclue (...) mon client, à la demande des deux parties, a joué un rôle d'intermédiaire passif». Une conclusion sur des responsabilités non encore définitivement tranchées et qui promet une suite publique à cette affaire déjà alourdie par des polémiques violentes, des thèses dures et des rumeurs faussement politiciennes.