Selon les statistiques disponibles, l’enquête a touché plus de 180 fellahs, 100 entrepreneurs, plusieurs responsables ainsi que d’innombrables employés
de la direction de l’agriculture et du Fonds national de soutien à l’agriculture. Dans le cadre de cette enquête, l’ancien directeur de l’agriculture ainsi que le directeur régional de la CRMA
ont été auditionnés. Concernant la CRMA, on assure qu’elle a constitué le principal canal par où passaient les fonds de soutien. Grâce à ces
investigations, il a été découvert que de nombreux détournements et déviations ayant marqué près de 600 dossiers où les pires techniques du faux et escroquerie ont été mis à jour.
En tête de liste de ces actes répréhensibles, on trouve la duplication de cahiers d’honoraires et factures.
A cette fin, un scanner était mis à contribution, des signatures imitées et des sceaux privés ou publics utilisés. C’est, en
effet, l’utilisation de ces cachets contrefaits qui a fini par faire découvrir le pot aux roses. En effet, pour obtenir légalement un sceau, il faut absolument une demande écrite ainsi que
l’accord du responsable direct de l’institution concernée. Il faut aussi que la confection du sceau fasse l’objet d’une facture visée par le vendeur et que le sceau soit inscrit sur le registre
spécialement tenu à cette fin. Présentement, l’on s’attend à l’exécution des dispositions judiciaires usuelles, c’est-à-dire la convocation des parties
concernées devant le tribunal de Tissemsilt qui devra étudier cette affaire sous tous ses angles. Pour l’instant, c’est l’expectative et le suspens dans les milieux ayant une relation directe
avec ce scandale, notamment des entrepreneurs, fellahs, bureaux d’études, délégués et techniciens. Ceci étant, la plupart des observateurs estiment que derrière l’échec du soutien à
l’agriculture, il y a tous les intervenants ayant un lien avec le milieu agricole et qui ont profité des fonds destinés aux projets, à l’abri des regards indiscrets et de tout contrôle. Selon
des sources fiables, des cadres se sont mis de toutes leurs forces en mouvement pour dénoncer les dépassements ayant touché de nombreux programmes. Parmi ces derniers, il y a des responsables
qui, une fois le pot aux roses mis à nu, ont décidé d’informer le directeur de l’agriculture ainsi que les responsables directs de la CRMA pour les alerter de ce qu’ils ont qualifié
d’empiètement des lois. Pour y parvenir, l’un d’eux a même avancé des chiffres et cité des noms de personnes impliquées dans ces affaires avant de clamer son innocence et prétendre être blanc
comme neige comme en fait foi un courrier daté de 2005 dont nous détenons copie. Lors de l’enquête, ce responsable a exhibé ce document qu’il a soumis aux enquêteurs qui l’auditionnaient. Cette
sortie n’a pas manqué, dit-on, de soulever un tas de questions et de points d’interrogations sur le black-out observé par les destinataires de ce courrier et qui n’ont pas bougé pour voir de
plus près ce qui se passait. On dit même que, lors de réunions périodiques, le rédacteur de ce «rapport» n’avait pas hésité à laver le linge sale au sein même de la direction de l’agriculture,
mais que ses cris et dénonciations ressemblaient plus à des labours en pleine mer puisque les dépassements et infractions aux lois continuaient de plus belle grâce à la perspicacité des
spéculateurs et barons du soutien à l’agriculture. Tout le monde s’attend donc que l’enquête judiciaire entraîne des faits graves qui toucheront des figures connues en raison des postes
qu’elles occupent.
R. Djilali