Son nom serait de plus en plus cité au moment où le parti est miné par une crise :
Hamrouche à la tête du FLN ?
par Halim Mouhou (Le Jeune Indépendant, 29 octobre 2007)
L’intronisation de Mouloud Hamrouche à la tête du FLN afin de rassembler
les rangs de ce parti miné par la crise est une «option tout à fait possible et envisageable», ont reconnu, hier, MM. Abdelhamid Si Afif et le professeur Mahmoudi, deux cadres dirigeants de
l’ex-parti unique.
Rencontré en marge des journées d’étude autour de la diplomatie parlementaire qui se tiennent depuis hier à la résidence Djenane El-Mithaq à
Alger, M. Abdelhamid Si Afif a bien voulu se livrer sur la crise qui mine actuellement le FLN.
L’influent député et dirigeant du FLN et néanmoins président de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de la communauté
nationale à l’étranger au sein de l’APN ne fait pas dans le sibyllin pour qualifier ce qui se passe actuellement au sein de la maison FLN.
«La crise est effectivement là», a-t-il reconnu en promettant «plus de clarifications au courant des prochains jours». Un constat partagé en
outre par le professeur Mahmoudi, enseignant à l’Institut des sciences politiques d’Alger, cadre et conseiller auprès du FLN, rencontré également en marge du même événement, qui reconnaît lui
aussi «que personne ne peu nier la situation de crise que vit actuellement le FLN».
Il va même plus loin en reconnaissant «que la gestion actuelle du FLN, et par ricochet celle des affaires de l’Etat, est nuisible». Invité à
parler des tenants et aboutissants de la crise, M. Si Afif explique que «le FLN fait toujours face aux clivages entre les fidèles d’Ali Benflis et les ministres du parti», ajoutant que le FLN
«est victime de l’inamovible cercle entourant à chaque fois l’occupant du poste de secrétaire général et dont les membres veulent justement cette fois la tête de l’actuel SG, M. Abdelaziz
Belkhadem».
«Ils ont consommé Mehri, Benhamouda, Benflis et maintenant ils veulent la tête de Belkhadem», a-t-il ajouté, citant entre autres
hommes composant ce cercle les membres du bureau politique MM. Bounekraf et Belayat. Leur méthode est simple, selon M. Si Afif.
«Ils poussent le SG à multiplier les fautes et les maladresses à l’encontre non seulement des fidèles de Benflis «redressés», mais aussi à
l’encontre des «redresseurs eux-mêmes». Les hommes composant ce cercle ont, selon notre interlocuteur, pu «par de fallacieux prétextes convaincre M. Belkhadem de lâcher des cadres et des
militants, notamment des mouhafeds qui lui sont fidèles, effilochant ainsi les soutiens de Belkhadem qui fait face à une gronde, y compris dans les rangs des redresseurs».
Le concernant, M. Si Afif assure que cette fois il ne signera pas de chèque à blanc, ajoutant qu’il ne soutient aucune des parties, préférant
se consacrer à sa tâche à la tête de la commission parlementaire qu’il préside. Qui aura gain de cause entre ces deux parties ? Optera-t-on pour une troisième voie ? L’option «réformiste»
Mehri-Hamrouche est-elle possible ? «Tout à fait», répond M. Si Afif auquel cette option semble plaire.
«C’est une option possible et envisageable», a-t-il dit, avouant sa «conviction» que si Mouloud Hamrouche se présente, il aura le soutien de la
majorité des militants et cadres du FLN. «M. Mouloud Hamrouche compte beaucoup de fidèles au sein de la direction et de la base du FLN», a assuré M. Si Afif.
«De sources officielles, je peux vous dire que les fidèles de Benflis ont reçu une instruction pour soutenir Hamrouche. La base du FNA [parti
présidé par Moussa Touati, NDLR] qui aura quelque chose comme 1 500 élus locaux lors des prochaines élections locales soutiendra elle aussi Mouloud Hamrouche», a encore prédit Si Afif, donnant
ainsi l’impression que l’option Mouloud Hamrouche avait été discutée au préalable.
Mais la nomination ou non de Mouloud Hamrouche à la tête du FLN est-elle conditionnée par la volonté du président Bouteflika de briguer ou non
un troisième mandat ? «Absolument pas», rétorque-t-il, indiquant avoir à plusieurs fois déclaré que «beaucoup de cadres et de militants du FLN sont contre Bouteflika».
Pour sa part, M. Mahmoudi, tout en avouant que «l’option Hamrouche n’est pas la conclusion de son analyse», reconnaît que cette option «est la
conclusion qui se dégage de la majorité des analyses qui se font au sein du parti». S’agissant de l’obstacle que pourrait constituer une éventuelle candidature de Bouteflika pour un troisième
mandat face à une telle démarche, M. Mahmoudi indique que le choix du président de la République est souvent dicté par le contexte international et, de ce point de vue, a-t-il précisé, «il n’y a
presque pas de différence dans la perception qu’ont les puissances étrangères de Bouteflika ou de Hamrouche».
Reste maintenant à savoir quelle sera la position du principal concerné, à savoir Mouloud Hamrouche. Attendra-t-il qu’on l’installe sur le
fauteuil du FLN et, par ricochet, sur celui du la présidence de la République ou, au contraire, mènera-t-il cette bataille politique pour reconquérir le FLN qui reste une option pour siéger au
palais d’El-Mouradia ? H. M.