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MADINA


« Accommodants ou déraisonnables les journaliste? »

Publié par albra alhambra sur 27 Novembre 2007, 00:04am

Catégories : #D'ici et D'ailleurs

Congrès annuel 2007
 
 
 Fédération professionnelle de journalistes du Québec (FPJQ)
 
Québec, 23 – 25 novembre 2007
 
 Table ronde :
 
«  Accommodants ou déraisonnables les journaliste? »
 
Samedi 24 novembre à 15 :00
 
 
 
 
Table ronde présidée par M. Alain Gravel, journaliste à la télévision de Radio-Canada et président sortant de la FPJQ, réunissant :
-Mme Carole Beaulieu, rédactrice en chef de la revue L’actualité,
-M. Vincent Marissal, chroniqueur au quotidien La presse,
-Me Julius Grey, avocat et
-M. Touhami Rachid Raffa, président du Carrefour Culturel Sésame de Québec.
 
 Salon Frontenac - Hôtel Le Château Frontenac - Québec
 
 
Intervention de T. R. RAFFA
 
 
Mesdames et messieurs,
 
En raison du temps limité imparti à chacun de nous quatre, je me dois de passer sous silence vos bons coups, l’excellence de l’analyse et la justesse du propos de plusieurs d’entre vous. D’autre part, le citoyen musulman excédé préfère non pas vous caresser dans le sens du poil, mais vous dire sa colère à rebrousse-poil! Si je vais donner l’impression de m’attaquer à toute la profession, vous aurez compris que je sais faire la part des choses et que la généralisation, pour les fins du présent exposé, ne doit pas faire croire que j’ai répondu à votre invitation pour vous éclabousser tous, même si je m’adresse – hélas! – à une bomme majorité d’entre vous.
 
D’emblée, permettez-moi de vous dire que si les médias francophones du Québec n’ont pas créé la crise identitaire actuelle, ils y ont grandement contribué et l’ont même alimentée démesurément au point d’en faire – avec l’aide de nos politiciens provinciaux en mal de résultats électoraux sur le dos des minorités ethno-religieuses – un regrettable dérapage aboutissant à un véritable délire identitaire non dénué de propos ostracisants, xénophobes, voire carrément racistes, au sein d’une majorité de Québécois de souche encore sensible à l’appel des sirènes toujours latentes du sentiment d’assiégé.
 
En ce sens, la classe politique québécoise et les médias ont tracé leurs propres limites qui s’avèrent teintés d’ethnocentrisme, se contentant d’être le reflet de cette même frange d’une majorité convaincue subitement d’être en danger, non plus de l’extérieur, c’est-à-dire par rapport à la sempiternelle submersion de la « mer anglo-canadienne et américaine », mais de l’intérieur. Désormais, le danger actuel est interne, étant le fait d’une véritable 3e colonne constituée de minorités essentiellement non chrétiennes, et au premier chef les musulmans, associés avec une facilité déconcertante à l’islamisme, voire au terrorisme islamique dans un inconscient collectif anti-musulman vieux de 14 siècles. Les fruits de l’orientalisme dont il est vain de minimiser les effets dévastateurs ont fait le reste, de même qu’une véritable mise sous tension  de la population du monde occidental savamment préparée au pire du « choc des civilisations », surtout depuis le 11 septembre 2001.
 
Donc, mesdames et messieurs les journalistes francophones, vous vous êtes comportés, dès le déclenchement de la crise, plus en médias québécois de souche qu’en observateurs responsables, lucides et avertis des dérapages réels et importants qui peuvent affecter la société, et non d’une série d’incidents isolés qui, ailleurs au Canada, ne méritent pas la moindre mention dans les faits divers. De plus, on ne peut nier l’influence française sur les esprits d’ici : intellectuels, faiseurs d’opinion et aussi et surtout médias francophones adoptent parfois une lecture « à la française » de la réalité québécoise, notamment au regard de la présence des musulmans.
 
Par ailleurs, les médias, quels que soient leur code d’éthique, leur indépendance et leur impartialité – de toutes les façons mis à mal par la concentration et de la ligne éditoriale des patrons de presse – n’échappent nullement aux effets pervers de la démocratie occidentale et de l’État de droit, à savoir la réalité des  rapport de force et de la pression des lobbies. À cet égard, il faut savoir que les Arabo - musulmans, groupes relativement récents et fragiles, divisés et immatures, cheminent péniblement et lentement dans leur apprentissage vers l’engagement communautaire et citoyen et vers leur propre prise en charge, mais avec un obstacle de taille, à savoir une islamophobie ambiante et agissante.
 
Mesdames et messieurs, le fait que peu de musulmanes et de musulmans appellent les stations de radio, envoient si peu de courriels, et écrivent rarement pour protester ne signifie pas que les dégâts que vous commettez à tort ou à raison, sciemment ou involontairement, ne les affectent pas. Vous ne pouvez pas imaginer les souffrances de mes frères et sœurs traités parfois faussement et souvent injustement dans leur dignité et dans leur foi, par l’image, à travers les ondes et par l’écrit.
 
Sachez que nous en avons assez d’être réduits à des prosternants affichant leur derrière aux caméras, à des foulards féminins sobres ou élégants, ou à un Saïd Jaziri auquel vous avez donné une représentativité qui heurte nos consciences et notre dignité de musulmans! Mesdames et messieurs, Saïd Jaziri est votre création et celle des autorités politiques qui l’ont toléré des années durant, voire exploité et manipulé, pour peut-être ajouter à notre malaise et entretenir un ostracisme dont nous sommes déjà suffisamment accablés. Jaziri est votre création autant qu’Hérouxville, cette caricature minable dont on fait les gorges chaudes de par le monde sur les Québécois de souche. Malgré mes efforts auprès de certains d’entre vous, le secret a été bien gardé concernant M. Drouin, « sommité » d’Hérouxville de réputation internationale. Je suis indigné depuis le début de cette triste mascarade qu’on ait opposé un Québec profond voire « colon » car fermé, à une région de Montréal soi-disant ouverte sur le monde et qui aurait parfaitement intégré la diversité. Je m’inscrits en faux contre cette affirmation qui relève en partie du mythe car M. Drouin n’a rien d’un rural; c’est un urbain confirmé de la banlieue de Québec, réfugié à sa retraite aux confins de ce village où il passe tellement pour une lumière qu’il a réussi à manipuler une population rurale saine. Je rends hommage à M. Jacques Proulx, ancien président de l’UPA et incarnation vivante de la ruralité québécoise, pour s’être fortement dissocié, en public, de cette dérive dans laquelle les Québécois de la campagne ne se reconnaissent pas en grande partie. Il y a même lieu de voir peut-être plus d’espoir dans les campagnes que dans de nombreux citoyens de Montréal et de Québec qui se targuent de vivre la diversité sans problèmes alors qu’ils participent au renforcement de la multitude des solitudes.
 
Oublie-t-on que nous, musulmans d’Occident et du Québec ne sommes pas que des croyants pratiquants en position de prosternation, mais aussi des êtres ordinairement humains, porteurs d’une spiritualité qui intègre autant David et Moïse que Jésus et la Vierge Marie, et que nous ne supportons plus d’être victimes d’un réductionnisme qui nie notre rationalité, notre citoyenneté, nos préoccupations, notre mal de vivre, nos joies et notre espérance d’hommes et de femmes ni pires ni meilleurs que vous. Que, comme vous, les non pratiquants sont nombreux chez nous. Comme vous toutes et tous, nous sommes en quête de dignité par le travail, de paix et d’un avenir meilleur pour nos enfants qui n’ont pas à assumer, comme un fardeau et un obstacle au sein de leur propre société où ils ont vu le jour, le nom et la foi dont ils ont hérité.
 
Le racisme envers les musulmans est si banalisé qu’il a acquis une respectabilité et d’ailleurs on ne cesse d’y associer des événements internationaux comme certains attentats pour lesquels nous sommes instamment sommés, nous musulmans d’ici, par les médias d’ici, de fournir des explications rationnelles et surtout d’exprimer à chaque fois des condamnations fermes, faisant ainsi de nous responsables par association d’atrocités qui sont répugnantes à nos yeux d’être humains, d’autant plus qu’ il s’agit là d’une instrumentalisation abjecte de notre foi islamique. Mesdames et messiers, expliquez-moi pourquoi un tel traitement est réservé seulement aux musulmans? Vous vous précipitez-vous chez les Québécois de souche irlandaise catholique par suite d’un attentat de l’IRA, ou chez leurs vis-à-vis protestants dès lors qu’un crime est commis par un groupe paramilitaire orangiste?
 
À cela s’ajoute une bonne dose de diabolisation des Palestiniens et, par-delà, des Arabes et des musulmans, spécialité que les médias anglophones – CanWest oblige – entretiennent avec une constance plus soutenue que du côté francophone. À titre d’exemple, l’un d’entre vous, aussi francophone que vous et moi, ne comprenait pas, un certain vendredi, à l’entrée de la petite mosquée de Québec, le refus ferme des fidèles de lui répondre, lui qui insistait tant pour avoir « un point de vue  islamique » sur la maladie qui venait de frapper Ariel Sharon, alors premier ministre d’Israël! En vérité, il voulait entendre de ma bouche une formulation de son propre fantasme puisqu’il a été fort décontenancé par ma réponse, à savoir que, en dépit du fait que pour moi, Sharon était un ennemi politique coupable d’atrocités et de crimes contre l’humanité, ma foi m’interdit toute haine d’un être vivant, et surtout d’un être humain car il est dépositaire du souffle divin qui se répète à chaque naissance depuis la création d’Adam, l’islam interdisant de se réjouir de la souffrance d’autrui, quel qu’il soit et quels que soient ses agissements! Pour vous rassurer, le militant de la cause palestinienne que je suis, s’est rendu en Israël sans haine aucune; j’y ai rencontré toutes sortes d’Israéliens, y compris des êtres remarquables militant pour la paix et la coexistence féconde. J’entretiens aussi un dialogue avec des Juifs du Québec. Ce rappel ne sert qu’à vous aider à déconstruire un tant soit peu cette image de haine mutuelle qui nous colle à la peau telle une fatalité.
 
À l’inverse de communautés beaucoup plus anciennes, fort bien et puissamment organisées, la faiblesse des musulmans en Occident et au Québec en termes de mobilisation et d’engagement est, de mon point de vue, exploitée sans vergogne, ce qui est, humainement et journalistiquement, pour le moins indigne! Une démocratie qui permet que ses groupes humains les plus vulnérables servent bien malgré eux des enjeux politiciens et électoraux – et des objectifs de tirage et de cotes d’écoute – est une démocratie aussi malade que l’État de droit censé l’encadrer. C’est la démocratie de la majorité dominante et surtout celle des puissants, et ce en dépit de deux Chartes des droits et libertés. Encore faut-il que la défense des droits soit accessible à des minorités provenant de pays de non – droit, et privés ici–même de toute initiation à l’exercice de leurs droits en ce Québec où les politiciens de tous bords se gargarisent d’un discours insipide sur l’accueil, l’intégration et l’insertion des communautés culturelle…Et ce en vertu d’un prétendu modèle québécois d’interculturalisme dont personne n’a jamais vu la couleur et encore moins le contenu. Celles et ceux qui en doutent devraient se rappeler le détournement à d’autres fins, par notre gouvernement provincial, d’une partie des fonds fédéraux destinés à la francisation et à l’intégration des immigrants au Québec.
 
 
Pour recentrer notre propos, je vous poserais une série de questions :
 
-Qui a attisé les peurs et la méfiance, donc la crise elle-même si ce n’est ce sondage inique sur le racisme des Québécois d’un groupe de presse puissant pour lequel plusieurs d’entre vous travaillent? Un sondage aberrant effectué à vif sur une population de souche chauffée à blanc et qui arrive à des résultats contradictoires puisque la majorité se déclarant raciste rejoint une autre majorité se voulant tolérante! De plus, la réponse fortement positive des Québécois de souche et des Néo-Québécois à la question portant sur l’obligation de respecter les lois fait l’objet d’une lecture absurde et pour le moins malhonnête qui fait dire au maître sondeur que les uns et les autres sont très majoritairement hostiles à l’accommodement raisonnable pour motifs religieux! Sont-ils nombreux parmi vous celles et ceux qui ont dénoncé ce sondage bidon et dangereux et ses fausseté qui sautent pourtant aux yeux?
 
-Pourquoi vous êtes-vous abstenus d’expliquer plus et mieux la nature et la portée de l’accommodement raisonnable à la société dite de souche?
 
-Comment n’avez-vous pas relevé le silence inexplicable de la Commission des droits de la personne durant la crise alors qu’elle est au premier rang des institutions gardiennes de nos droits fondamentaux et qu’elle est mieux outillée que quiconque pour traiter de l’accommodement raisonnable?
 
-Pour quelles raisons avez-vous manqué à votre devoir de mieux informer cette même population de souche sur le fait que les ententes entre voisins responsables relevaient de la liberté, de la convivialité et d’un meilleur vivre - ensemble, et non de l’accommodement raisonnable? Vous savez pourtant que les cas hypermédiatisés des vitres du YWCA et de la cabane à sucre ont laissé des traces judéophobes et islamophobes fort déplorables et probablement durables.
 
-Quels sont les motifs qui ont poussé certains d’entre vous à créer un faux débat sur une fiction qui relève d’un fantasme occidental sur la femme musulmane avec cette histoire inouïe d’un prétendu droit de vote avec voile intégral que personne n’a réclamé?
 
-Y a-t-il une raison qui interdise aux chroniqueurs, si prompts pourtant à aiguiser leur plume ou leur voix – derrière le confort de leurs écrans – à intervenir devant la Commission Bouchard-Taylor, elles et eux dont l’opinion pèse lourd au Québec et qui sont si aptes à alimenter les débats de société quand ils ne contribuent pas à en créer?
 
-Je me questionne encore sur votre lecture et sur l’interprétation qui en est sortie de deux arrêts de la Cour suprême du Canada qui ont fortement ébranlé la société québécoise de souche, à savoir :
   * Le jugement Multani sur le port du Kirpan par un élève sikh d’une école secondaire publique : l’imposition de l’accommodement raisonnable en la matière a donné lieu à des images de poignards dangereux en guise de petits couteaux rituels alors que les juges du plus haut tribunal du pays ont étonnamment  insisté sur les conditions très précises du port du Kirpan, se donnant la peine de donner les détails visant à neutraliser la dangerosité réelle ou supposée de ce dernier. Détails sur lesquels vous êtes passés trop vite quand vous ne les avez pas tout simplement occultés!
   * Le jugement Amselem autorisant la construction (provisoire) d’une Souka au balcon d’une résidence de luxe en copropriété : combien d’entre vous ont signalé le fait que c’était un jugement non unanime et qu’il avait donné lieu à la dissidence de 4 juges sur 9, ce qui ébranle quelque peu l’approche subjective jusqu’ici dominante de la jurisprudence en matière d’expression de la foi dans toute requête d’accommodement raisonnable pour motifs religieux. N’y avez-vous pas décelé l’espoir d’un réajustement de cette tendance jurisprudentielle, même si la chose reste malaisée car on imagine mal nos juges se muer en tribunaux religieux…?
 
-Avez-vous suffisamment réfléchi à la nature et à la portée de la demande du Conseil du statut de la femme, précipitamment approuvée par la ministre de tutelle, votre ex-collègue Mme Christine St-Pierre, et par notre premier ministre qui s’est engagé à faire amender la Charte des droits et libertés du Québec afin d’y inscrire la primauté de l’égalité des femmes sur tous les autres droits? Avons-nous fait le constat que l’égalité des femmes est, soudainement et réellement, menacée, ou bien assistons-nous là à une surenchère politicienne de bas étage sur un échiquier politique qui permet d’attiser les peurs du « nous » envers les « autres » au lieu de mettre à l’ordre du jour les vrais enjeux de société? Celles et ceux qui dirigent le Québec actuellement, et celles et ceux qui jouent le rôle de l’opposition au parlement sont tous coupables d’une dérive indigne du Québec et de ses acquis démocratiques. En bref, « sacraliser » un droit au détriment d’autres droits est inconcevable dans une démocratie régie par le droit! De plus, ce serait ouvrir une boîte de Pandore qui me permettrait, par exemple, d’exiger aussi la primauté de l’égalité économique et sociale, ce qui permettrait aux victimes du racisme à l’embauche, à savoir les Arabes, les musulmans, les Autochtones et les Noirs d’accéder enfin à la pleine égalité avec les Québécois de souche demandeurs d’emploi.
 
-En tant que citoyen et de membre du conseil d’administration de la Ligue des doits et libertés du Québec, je suis encore furieux que le communiqué de la ligue sur ce même sujet ait été dénaturé lors de sa parution dans la presse écrite parce qu’on l’a dépouillé du point d’interrogation qui était d’une importance capitale dans le titre, à savoir : «  La suprématie du droit è l’égalité des femmes : une solution? ». Comme peu de gens lisent tout et attentivement, de nombreuses personnes se contentant du titre ainsi mutilé, croient que la ligue est en faveur de la hiérarchisation des droits, alors qu’elle y est fermement opposée!
 
-M. Marissal vient d’évoquer l’homogénéité « blanche et  pure laine » de vos salles de rédaction, ce qui me facilite la tâche pour dénoncer la faiblesse de la présence « ethnique » sur les ondes,  dans l’ensemble des médias et de la création artistique. De plus, je me demande si le fait que les Néo-Québécois d’origine étrangère se reconnaissent rarement ou pas du tout dans les œuvres audiovisuelles, desquelles ils sont absents, n’alimente pas le phénomène de « déterritorialisation » de nombreux membres des communautés culturelles qui se tournent de plus en plus vers les chaînes satellitaires de leurs pays d’origine respectifs… Je me rappelle que la première fois qu’on a concocté au Québec un personnage de musulmane portant Hijab dans une série télévisée populaire, c’était notamment pour lui faire jouer un rôle de lesbienne…
 
En conclusion, je voudrais ajouter deux interpellations qui me semblent capitales dans le contexte fébrile, confus et pour le moins irritant  dans lequel on baigne au Québec depuis un an. En effet, pourquoi ne pas dire certaines vérités profondes à la population de souche dont vous êtes, volontairement ou inconsciemment, les porte-parole?
 
1-La réactivation aussi soudaine qu’injustifiée par des politiciens d’un problème résolu depuis longtemps, à savoir la préservation de la langue française, alors que la paix linguistique et la prépondérance du français sont une réalité avérée, entretenue d’ailleurs par des Maghrébins dont je suis, lesquels Maghrébins souffrent à grande échelle, comme les Noirs, d’un chômage de type raciste que vous ne dénoncez pas assez alors qu’il s’agit de personnes souvent très qualifiées et, de surcroît, diplômées d’ici. Dans la course aux voix en vue des prochaines élections, et dans la surenchère nationaliste menée tambour battant par l’ADQ, le PQ a enfourché ce vieux cheval de bataille usé et remisé en voulant définir l’identité québécoise devenue nécessité urgente, y compris par l’exclusion des nouveaux arrivants du droit d’éligibilité! J’ai eu l’occasion de dire à Mme Pauline Marois que son projet de loi ne serait ni absurde ni discriminatoire s’il s’appliquait à tous, auquel cas elle s’apercevrait qu’une minorité de Québécois de souche échoueraient le test de maîtrise du français, ce qui leur fermerait aussi la route de l’éligibilité…À ce sujet, le ridicule ne tue point car j’imagine mal un latino-américain unilingue espagnol, apprenant péniblement le français et en recherche d’emploi, devenu citoyen canadien au bout des trois années requises, vouloir se faire élire maire de Québec!?!
 
2-Il vous appartient de rappeler que la seule et unique question qui  pose problème et qui est à l’origine de tout ce délire qui nous affecte collectivement, c’est que le Québec a mal à ses minorités non chrétiennes. En effet, les « abus » des catholiques et des protestants ne dérangent pas grand monde, qu’il s’agisse d’accommodements raisonnables de nature religieuse (très majoritaires devant la Commission des droits de la personne), ou de tolérance vis-à-vis d’écoles chrétiennes clandestines où des milliers d’enfants québécois de souche échappent à toute légalité et à tout contrôle en matière d’instruction publique. Tolérance de l’État et acceptabilité sociale à l’égard de telles réalités, même dans leur forme la plus relative, mériteraient pourtant réflexion et interrogation car la moindre tentative de la part de Juifs ou de musulmans en la matière susciterait fort probablement – et à raison – un « séisme » au Québec…Rappelons-nous la levée de boucliers qui avait accueilli le projet gouvernemental  de financer à 100% les seules écoles privées juives, et le fait que les écoles secondaires juives de Montréal violaient la loi en s’abstenant de mettre en œuvre le programme obligatoire du ministère de l’Éducation. Si une telle opposition est saine et hautement utile et bénéfique, elle reste malheureusement confinée aux minorités non chrétiennes.
 
C’est en vous interrogeant sur vos approches et en rappelant des vérités même peu reluisantes que vous aurez contribué, mesdames et messieurs, à déconstruire l’image de l’immigrant et surtout de la musulmane et du musulman dont vous êtes les coauteurs, et à recentrer le débat actuel sur les réalités propres à notre société, loin d’émotions et de fantasmes aussi contagieux que dévastateurs pour notre avenir commun et pour un nécessaire vivre-ensemble.
 
Merci de votre attention!
 
 
Touhami Rachid Raffa,
Carrefour Culturel Sésame de Québec
 
24 novembre 2007
 
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