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MADINA


Mouloud Hamrouche

Publié par albra alhambra sur 14 Décembre 2007, 23:12pm

  jeudi, aux débats d’El Watan
 
« Tant qu’on aura ce régime, il n’y aura qu’un seul mandat ! » 
La révision constitutionnelle préconisée par le FLN n’apportera aucun changement.
La sentence est prononcée par l’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, lors de son passage au forum mensuel, « Les débats d’El Watan », organisé jeudi dernier à l’hôtel Essafir d’Alger. Une tribune d’expression et de débat libre qui draine, comme d’habitude, une foule de plus en plus nombreuse. Devant un parterre composé d’intellectuels, d’hommes politiques, d’étudiants et de beaucoup de citoyens avides de ce genre de manifestations, Mouloud Hamrouche a fait, en effet, un constat sans concession. La révision de la Constitution est posée pour éviter le vrai débat sur la démocratisation. Cet amendement ne changera rien pour le pays », déclare-t-il. En réponse à une question concernant « la demande d’un troisième mandat pour le président Bouteflika », il rétorque sèchement : « Tant qu’on a ce régime, on n’aura qu’un seul mandat. » Selon lui, le problème de l’Algérie en particulier et de tous les pays arabes en général est celui de la démocratisation. Le régime continue, souligne-t-il, de considérer à tort que la démocratisation est synonyme de sa disparition. « C’est faux ! Il faut que le processus de démocratisation soit considéré comme un facteur de développement », lance-t-il sous un tonnerre d’applaudissements. A certains responsables arabes qui ont levé le bouclier de la souveraineté nationale pour contrecarrer le projet américain du Grand Moyen-Orient (GMO), l’orateur rappelle : « Un pays qui veut être souverain ne peut qu’être démocratique. Seuls les régimes élus démocratiquement peuvent assurer une bonne gouvernance à leur pays ». Affirmant que le régime algérien souffre d’une crise de légitimité, il soutient que « le pays est en décadence depuis quatre siècles ». Les tenants du pouvoir, ajoute-t-il, ont montré leurs défaillances. « Ils ont échoué à garantir la sécurité, le développement, la mise en place d’une grande école nationale et la structuration de la société », enchaîne-t-il, avant de dresser son constat : « Nous sommes une société de masse et non une société organisée », martèle-t-il. La violence et le terrorisme que connaît le pays actuellement, insiste-t-il, est le produit du régime autoritaire. « Si on prend le phénomène des kamikazes. Ces jeunes qui se font exploser étaient des enfants durant les années 1990. Est-ce qu’on a cherché à comprendre ce phénomène et cherché ses causes ? Rien n’a été fait pour cela », déplore-t-il. 
L’élite n’a pas appuyé l’expérience de 1989
Revenant sur la courte ouverture du début des années 1990, l’orateur estime que « l’adoption de la Constitution démocratique de 1989 et la volonté de la société de rompre avec les pratiques politique établies avaient entrouvert la voie pour un processus de démocratisation ». Cette brèche aurait pu, a-t-il confirmé, offrir une chance à la résorption de la crise découlant du passage d’un système finissant à la démocratie et à l’accomplissement d’un progrès certain. Ceci malgré le fait que l’entreprise manquait cruellement d’appuis et de soutiens affichés. « Il fallait renforcer les institutions parlementaires et judiciaires et encourager la liberté de la presse et le contrôle », souligne-t-il. Cet engouement à un changement est confronté, regrette-t-il, à un refus de la bureaucratie politique et à une méfiance de l’élite. C’était le courant contestataire, soucieux beaucoup plus de la chute du régime que de sa démocratisation, qui a récupéré ce mouvement. Résultat : Selon lui, le processus a été dévoyé en un pluralisme factice, une perversion de la politique et une corruption de l’élection. Dans cet ordre d’idée, Mouloud Hamrouche réaffirme son refus du multipartisme à cette époque. « J’étais contre le multipartisme et pour le pluralisme politique, parce que je considérais qu’on avait des partis politiques mûrs. On m’avait fixé un échéancier de trois ans pour effectuer des réformes. Entre-temps, on a commencé à donner des agréments aux partis et moi, je ne suis pas resté jusqu’au bout », se défend-il en réaction à la question concernant l’agrément du FIS. La vision qu’il défend, selon ses dires, est celle de la préparation de la société et des différents courants politiques à la démocratisation. Le changement, selon l’ex-chef de gouvernement, ne peut intervenir sans la participation du régime et des partis sous l’œil vigilant de la société. « Un changement initié en dehors du régime ne peut aboutir, mais un processus de démocratisation ne peut s’élaborer en vase clos en dehors de la société et sans son contrôle. Le processus de changement doit venir donc simultanément de l’intérieur du régime et de la société », indique-t-il.
Madjid Makedhi ( El Watan le 15 décembre 2007 )
 
Les débats d’El Watan jeudi dernier à l’hôtel Essafir d’Alger
 
« La démocratie se crée avec l’expérience »

La salle des conférences de l’hôtel Essafir ne pouvait contenir la foule nombreuse venue assister au débat organisé jeudi par le quotidien El Watan.

Un débat portant sur une thématique et une problématique importante qui intéresse de très près le citoyen algérien. « Pourquoi les régimes politiques arabes ne sont-ils pas démocratiques », ce sujet d’actualité a suscité moult interrogations et plusieurs commentaires de la part d’universitaires, d’hommes politiques et de simples curieux. Clément Moore Henry, politologue et professeur à l’université of Texas, et Mouloud Hamrouche, ancien chef de gouvernement, ont tenté, à travers leurs exposés et leurs interventions, d’apporter quelques éléments de réponse quant à ce sujet. M. Henry Moor, l’universitaire et technicien, partage la même vision que l’homme politique qu’est M. Hamrouche. D’emblée, il précisera que la situation en matière de pratique démocratique diffère d’un Etat à un autre d’où la complexité d’établir une comparaison. En essayant de décortiquer le titre de la conférence, M. Henry Moor, très direct et très précis, donnera un éventail d’arguments et de pistes d’approches pour essayer d’expliquer les retards accusés par le monde arabe dans le processus de démocratisation. L’orateur est persuadé que les pouvoirs dans les régimes arabes veulent à court terme sauvegarder leurs biens et leurs intérêts et à cet effet, ils ne veulent pas prendre le risque d’ouvrir leur système politique. Pour arriver à leur fin et par la même maintenir la fermeture de leur système, ils utilisent et brandissent à chaque fois la carte des islamistes. « Le risque de ne pas ouvrir son système est aussi un problème crucial. L’expérience de M. Hamrouche au début des années 1990 aurait pu bouleverser la donne en Algérie si certains hommes de l’ombre ne l’avaient pas stoppé. Oser opérer une ouverture servira inévitablement le peuple et le pays. A mon sens, l’oppression engendre une explosion sociale. Cet état de fait est dénoncé dans des rapports d’association de droit de l’homme qui font part de déficit de démocratie dans les régimes arabes », a soutenu M. Henry Moore qui estime que si la Tunisie ou alors l’Egypte venait à opérer une ouverture cela pourrait faire boule de neige et inciter les autres pays - afin de ne pas subir les critiques du monde entier - à méditer le même exemple. L’intervenant a vivement critiqué les pays qui se cachent derrière l’argument colonial pour justifier leur refus d’ouvrir leur système, à laisser au peuple le soin de s’exprimer librement. Incontestablement, la situation coloniale bouleverse celle sociale d’un pays, mais il existe, selon M. Henry Moor, beaucoup de pays qui n’ont aucunement souffert du colonialisme et qui ont un problème par rapport à la construction démocratique. « Comment donc interpréter la réticence des dirigeants arabes à ouvrir et à s’engager dans un processus démocratique si ce n’est une crainte de perdre leur mainmise sur les multiples privilèges et intérêts », a relevé le politologue qui a conclu que la bonne gouvernance doit se faire inévitablement avec les régimes sous le contrôle de la société. Pour M. Hamrouche, une démocratisation dans le monde arabe exige au préalable un minimum d’ouverture, de régulation et d’instrument de contrôle. Pour l’ex-chef de gouvernement, les régimes arabes ne sont pas démocrates. Débattre de la démocratie, c’est aussi évoquer la manière dont s’exerce l’autorité dans le monde arabe. « Les conditions d’exercer du pouvoir dans le monde arabe a conduit à un type de gouvernance particulier et les régimes arabes tels qu’ils fonctionnent actuellement sont incapables de se démocratiser », a tonné M. Hamrouche. Dans ce sillage, il fera remarquer qu’il est possible de diverger sur les raisons et les mécanismes qui bloquent la démocratisation des régimes arabes, mais que l’on ne peut par contre que conclure à l’inaptitude des régimes arabes à se démocratiser ou à créer les conditions d’une démocratisation négociée, car leur modèle de gouvernance est une survivance du système colonial. Les gouvernants sont dans un rapport de domination et non dans un rapport de force. Ils distribuent la rente et les privilèges. Ils redoutent les mécanismes de création de richesses. Ils craignent l’autonomie des citoyens et de la société. « C’est pour toutes ces raisons qu’ils écartent la modernisation de la gouvernance, se méfient des institutions autonomes, des partis politiques et de la représentation et de la représentativité sociale », a indiqué l’ex-chef de gouvernement. Lors des débats, les intervenants se sont interrogés sur la définition exacte du mot démocratie. D’autres ont demandé si le processus de démocratisation doit se faire avec les démocrates ? Sur ce point, M. Henry Moor expliquera qu’il n’existe pas de miracle pour instaurer une démocratie dans un pays. « La démocratie se crée avec l’expérience. Le régime arabe reste autoritaire et malheureusement, nous n’avons pas une définition exacte de ce qui est appelé communément régime autoritaire et régime démocratique », a-t-il souligné en indiquant, toutefois, que la violence, le terrorisme, l’abus sont le produit d’une société fermée. « Un pays qui veut être souverain ne peut être que démocrate et seul un régime à scrutin libre peut négocier d’égal à égal avec ses partenaires étrangers, et malheureusement, le scrutin dans les régimes arabes reste entaché d’une multitude d’interrogations », a relevé M. Hamrouche.
Nabila Amir (El Watan le 15 décembre 2007 )
 
 
 
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