Mais où sont donc passés les 100 milliards?
C’est la question très simple qu’auraient pu se poser et y répondre les analystes et autres journalistes qui suivent l’actualité économique algérienne, au lieu de s’effaroucher et crier
« au voleur! » à la moindre appréciation ou déclaration d’un ministre de la République.
Ainsi, au lieu de s’effaroucher sur la déclaration de M. Temmar, le ministre algérien des Participations et de la Promotion des investissements, les incrédules
devraient faire leur mea culpa et reconnaître qu’ils suivent mal, très mal les annonces des projets de réalisations économiques qui se déroulent sous leurs yeux. Il suffit, pourtant, de faire la
sommation des dépenses et des coûts des projets infrastructurels pour comprendre que le béton se paye en monnaie obtenue grâce à l’exportation des hydrocarbures et non en monnaie locale qui
s’imprime, à l’envie, sous les presses de la Banque d’Algérie!
Nous sommes tentés à ce niveau de l’appréciation de crier : « Mais où sont donc passés nos économistes tels, les Bouzidi, Goumeziane, Hidouci,
Benachenhou, benkahla, etc… pour nous donner l’heure juste?.»
Par Youcef Bendada
Selon la presse nationale qui rapporte (bien ou mal?) que devant des étudiants (comme à l’époque au début de années 90) un autre Abdelhamid, celui là Temmar de son nom, dont le savoir et la
compétence en tant que professeur de sciences économiques ne peuvent être mis en doute (je fus « son étudiant » en 1971 en troisième année à la faculté de Droit et des sciences
économiques d’Alger), aurait déclaré que « Les caisses de l’État sont vides! ».
Dans une société démocratique, une telle affirmation qui a effarouché, jusque là, seulement nos journalistes qui se sont mis à faire les plus folles suppositions et se sont questionné tout
en s’étonnant que les milliards de notre Algérie se sont volatilisés, volés, détournés….aurait reçu un traitement médiatique bien différent.
Les journalistes et autres analystes et économistes se seraient immédiatement penchés sur la question et auraient livré dans l’édition, la plus matinale de leur canard, les résultats de leurs
investigations, justifiant, le cas échéant, la déclaration de l’homme politique par des données vérifiables car provenant de leur banque de données personnelles appuyées par des experts qui
suivent de près les dépenses du gouvernement et qui foisonnent dans les sociétés démocratiques, ou l’infirmant en proposant aux lecteurs leur vision et approche démontrant la dilapidation des
deniers publics et l’ argumentant à l’aide de données sérieuses, provenant de sources crédibles pouvant être contestées car conçues et obtenues par des scientifiques. .
Notre pays ne disposant ni d’outils, ni d’instruments de mesures et d’analyse crédibles, il est loisible au premier venu de dire une chose et son contraire sans que quiconque ne lui reproche la
contradiction à l’aide de données vérifiables et incontestables. Également, notre appareil statistique est tellement déficient qu’il devient pratiquement impossible aux chercheurs et aux
étudiants de s’appuyer sur cet indispensable instrument pour conforter leurs analyses et asseoir leurs hypothèses.
Dans le cas d’espèce qui nous interpelle aujourd’hui, la déclaration de M. Temmar, un calcul élémentaire des engagements de dépenses prévues à moyen terme sur le fantomatique Projet de
relance de l’Économie, lui-même s’appuyant sur un programme du Président, que seuls des initiés connaîtraient en en rappelant, à satiété, son existence et son importance, révèlerait immédiatement
que les réserves de change, dont le niveau s’est déprécié de plus 40% (en 2007 seulement!)par rapport à l’Euro, dont notre pays tire son orgueil actuel, seraient bien insuffisantes
pour mener à terme tous les programmes de réalisation d’infrastructures.
M. Temmar, en faisant cette déclaration vient de servir sur un plateau d’argent, aux journalistes, aux économistes et aux hommes politiques l’occasion d’ouvrir un débat sur cette question que ne
soulèvent pas ceux qui doivent le faire : nos députés.
Il est pour le moins loufoque de centrer et focaliser le débat sur une déclaration et passer sous silence la nécessité de se saisir de ce dossier et de le confier à des praticiens de l’économie
qui peuvent par leur approche scientifique et sincère éclairer les citoyens et les gouvernants qui ne brillent pas tous par la maîtrise de la donne économique.
Il y a bien en Algérie, des professeurs d’économie, une commission économique au Parlement et au Sénat, ainsi qu’une association d’économistes et des journalistes spécialisés en économie. Ils
seraient bien qualifiés pour, une fois, faire preuve de patriotisme et livrer une appréciation éclairée de la situation économique de notre pays sans faire dans la surenchère.
Y a-t-il encore un peu d’espoir pour voir une telle initiative se réalise?
Le président de la République, qui ne peut pas tout faire seul, n’est il pas le premier concerné pour connaître la véritable situation de l’économie du pays qu’il administre? Y a-t-il
encore assez d’espoir pour voir se réaliser une telle initiative ? En cette fin d’année, peu reluisante pour un grand nombre de nos compatriotes, osons espérer qu’un tel vœu devienne réalité.
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