L'envie de rendre service à son pays d'origine donne parfois des résultats surprenants. Abdelkader Kherrat, un Algérien, ingénieur senior chez Bombardier a réussi à convaincre ses supérieurs
d'offrir le spécimen d'un avion challenger 300 a l'Institut aéronautique de Blida.
Dans un entretien accordé à l'émission «Témoignages» animée par Salim Chouib, et diffusée sur BesmaTv, Abdelkader Kherrat un passionné de l'aviation, responsable des essais au sol chez
Bombardier, affirme avoir obtenu, après des mois de négociations, un don important du directeur de la division Jet privé. Ce dernier lui avait dit «c'est avec plaisir et si l'université de
Blida est intéressée, on va le lui offrir».
Le cadeau est un avion challenger 300, offert aux étudiants de l'Institut aéronautique de Blida (IAB) qui sera destiné à l'enseignement. C'est une première affirme l'Algérien, généralement les
prototypes des avions sont offerts uniquement aux universités canadiennes d'autant plus que le modèle en question venait, tout juste, d'être certifié.
L'idée remonte à 2004, lorsque le département expérimental de Bombardier avait émis le voeu de céder le prototype à la fin des tests et l'obtention de la certification du modèle. Et c'est
exactement Abdelkader Kherrat, qui est consulté pour trouver l'université intéressée par le spécimen. Mais voilà les universités nord-américaines sont bien équipées et le challenger 300 doit
être cédé à une université qui en fait la demande. Abdelkader Kherrat rêve de l'envoyer à Blida où, précisément, se trouve le seul institut d'aéronautique en Algérie. Mais avant, il doit avoir
une lettre de l'université de l'IAB mentionnant son intérêt pour le challenger 300. Un document exigé par Bombardier. Le challenger 300 est un jet privé de catégorie super intermédiaire, il est
conçu pour les vols régionaux. L'avion est gratuit mais le transport est payant. Abdelkader Kherrat et le Centre culturel algérien de Montréal (CCA) cherchent à convaincre les autorités
algériennes de l'utilité de l'appareil pour les étudiants de l'IAB. Et c'est le problème du transport à Alger puis à Blida qui pose problème. Le coût du transport avoisine les 40.000 dollars.
Bombardier, affirme l'Algérien, ne paie rien pour le transport. La compagnie a déjà offert le prototype d'une valeur de 1 million de dollars.
L'ambassadeur d'Algérie à Ottawa, M. Smail Benamara a été informé du projet par le CCA et a promis d'informer les autorités concernées.
Durant l'été 2006, Abdelkader Kherrat a enseigné bénévolement à l'Institut d'aéronautique de Blida dans le cadre du projet de l'université d'été algéro-canadienne, initié par le Centre culturel
algérien et c'est durant cette période qu'il a tissé des liens avec des enseignants et étudiants de l'institut où il a étudié avant de quitter l'Algérie pour le Canada.
Plusieurs personnes sont impliquées dans le projet. Adel Benlarbi, un étudiant de l'IAB s'occupe du dessin de la remorque du fuselage, Ali Tahi, Slim Hamadouche, Hocine Bentrad et Saïd
Berghal qui a été le premier contacté, en 2005, pour le projet, font partie du groupe. Selon des informations fournies dans le site aeroweb, «les différentes composantes du 300 proviennent d'un
peu partout dans le monde. Les ailes sont fabriquées par MHI au Japon, le fuselage central par Bombardier en Irlande du Nord (Short Brothers), le fuselage arrière par AIDC à Taiwan. Le cockpit
et l'assemblage final se font chez Bombardier à Montréal (Canadair)».
Certains médias ont déjà évoqué, dans le passé, le projet «Chirad», au sujet d'un embryon d'avion monté par les étudiants de l'IA Blida, soutenu par le Centre culturel algérien de Montréal.
Une initiative à encourager, même si Abdelkader Kherrat reconnaît, dans un message qu'il nous a adressé, que le secteur de l'aéronautique ne peut être développé dans un futur immédiat. «Il faut
de la stratégie et du long terme, et surtout beaucoup d'investissements monétaire, moral et même politique». Mais il reste confiant.